En français contemporain, il n’existe pas de consonnes phonologiquement distinctes par leur durée, bien que certaines puissent être perçues comme plus longues sur le plan phonétique dans certains contextes. Les grammaires mentionnent également des prononciations longues optionnelles dans des mots comme « illégal » ou « grammaire ». Dans cette présentation, nous allons exposer notre projet en cours, qui examine les facteurs susceptibles de favoriser l’allongement consonantique en français à partir de grands corpus audio. Nous analysons notamment l’influence de l’orthographe et de la morphologie sur la durée des consonnes, en comparant celles situées à la frontière préfixe-radical (ex. /ʁ/ dans irrégulier) à des positions syllabiques similaires dépourvues de doublement graphique et/ou de frontière morphologique (ex. /ʁ/ dans ironique). Les mesures incluent également le ratio de durée entre la consonne et la voyelle précédente, de même que la vitesse de variation spectrale (∆MFCCs), un indice acoustique lié à la dynamique articulatoire, dans les consonnes analysées. Les premiers résultats indiquent un effet de l’orthographe, ainsi qu’un effet potentiel de la morphologie sur la présence de consonnes longues, effets qui semblent modulés par le type de consonne, la nature du préfixe et le contexte de parole (par ex. radio, télévision).
SRPP Effets de l’orthographe et de la morphologie sur la durée des consonnes en français — Analyses fondées sur des corpus à grande échelle
Jinyu Li (LPP)
Adèle Jatteau (UMR 8163 - LABORATOIRE, SAVOIRS, TEXTES LANGAGE, Université de Lille)


