Acquisition et multilinguisme

Cette thématique traite de la phonétique et de la phonologie en lien avec l’acquisition des langues chez l’enfant (L1, L2) et l’adulte (L2), notamment grâce à l’intégration de Naomi Yamaguchi depuis 2014, spécialiste de l’acquisition chez l’enfant. Les travaux sur la L2 portent prioritairement sur le français (FLE) et l’anglais (ALE), mais d’autres langues seront examinées (arabe standard, allemand…)

Les actions suivantes sont programmées pour le prochain quinquennat.

Chez l’enfant francophone, les travaux précédents ont montré le rôle des traits distinctifs et leurs principes associés dans l’acquisition L1 des consonnes. Nous testerons le modèle proposé sur d’autres langues comme l’anglais, dont les corpus sont déjà disponibles (CHILDES, PhonBank), mais également dans les cas d’acquisition bilingue (deux L1 simultanées).

En acquisition L1, nous continuerons également à explorer l’interface entre l’acquisition phonologique et les autres niveaux linguistiques : interfaces avec la morpho-syntaxe et la pragmatique (acquisition des mots grammaticaux), avec le lexique, avec la phonétique (compétences phonologiques précoces dans le babillage).

En ce qui concerne l’acquisition d’une langue seconde, un grand nombre d’études seront menées dans la double perspective de questions de recherche fondamentale et d’applications pédagogiques. Au niveau segmental, l’influence de la L1 sur l’acquisition des phonèmes non-natifs regroupe plusieurs projets. L’acquisition des voyelles nasales du français par des apprenants parlant mandarin et shanghaïen sera examinée. Un appendice nasal est souvent constaté pour les apprenants chinois mais la structure spectrale de leurs voyelles nasales est encore peu étudiée. Sur le plan perceptif, l’évolution temporelle de la nasalité durant la voyelle sera étudiée.

Une autre étude visera à identifier quels sont les contrastes phonémiques allemands qui introduisent des difficultés de prononciation chez les francophones natifs. Cette étude vise aussi à développer des méthodes de self-monitoring afin que l’apprenant puisse travailler d’une manière autonome sa prononciation des langues étrangères sans dépendre entièrement des cours de prononciation et de logiciels.

Une étude est également prévue sur la prononciation de l’arabe standard L2 par des locuteurs francophones et anglophones, sur ses aspects phonologiques et phonétiques (attributs acoustiques en corrélation avec les traits articulatoires). On traitera à la fois des interférences du système phonologique de la L1 dont l’inventaire segmental diffère sensiblement de celui de la langue cible, et des interférences du système graphique (alphabétique – français, anglais – vs. consonantique – arabe -) lors de l’oralisation de l’écrit. Quant à l’apprentissage de l’ALE, la perception du rhotique anglais chez des auditeurs de langues avec un nombre de liquides réduit (japonais, mandarin) sera analysée dans le but de comprendre le rôle du trait ’rétroflexe’ ou ’F3’ dans la perception des liquides.

Au niveau applicatif, les recherches sur l’efficacité de l’ultrason pour améliorer la prononciation en L2 continuent à se développer. Une étude longitudinale est prévue sur l’utilisation et l’adaptation du feedback visuel en situation de classe avec le système ultrason portable SeeMore. L’accent sera mis sur l’acquisition de l’opposition des voyelles tendues et relâchées de l’anglais. Nous élargirons ainsi la démonstration scientifique de l’efficacité de l’ultrason lingual comme pédagogie innovante pour les apprenants du FLE et de l’ALE du contexte individuel vers le contexte collectif (classe de langue).

L’acquisition des caractéristiques suprasegmentales des langues étrangères formera un autre volet de recherches. L’acquisition de l’intonation du français chez les apprenants sinophones, ainsi que l’acquisition des tons du chinois mandarin chez les apprenants francophones seront étudiées. L’acquisition du rythme de l’anglais par les apprenants francophones, plus particulièrement la convergence rythmique entre locuteurs natifs et non-natifs dans des conversations spontanées, sera aussi examinée en utilisant le corpus SITAF.