Phonétique clinique, voix et parole atypiques

Les projets de cette thématique concernent non seulement la voix et la parole pathologiques comme l’actuelle thématique 2, mais s’ouvrent désormais à la voix et à la parole atypiques, permettant une réflexion constructive sur la variation dans la production de la voix et de la parole et sur la notion de ‘normalité’.

– Voix et parole pathologiques

La perception de la voix dysphonique sera étudiée (projet de doctorat), mais aussi les aspects segmentaux et suprasegmentaux de la parole de ces patients. Concernant cette pathologie, nous intègrerons également de nouvelles mesures de la qualité vocale intégrant 1° la parole continue 2° des mesures spectrales ; 3° des mesures du champ de liberté en fréquence et intensité.

La description phonétique des voix et parole après chirurgies se poursuivra, en particulier avec l’étude de la nasalité et des incidences des chirurgies sinusiennes sur la voix.

La production de la voix et de la parole, ainsi que le lien entre l’évaluation objective de la voix et auto-évaluation chez des patients implantés cochléaires sera également étudiée, de même pour les potentiels troubles du timing, des prédictions et du rythme verbal et non verbal dans le bégaiement de l’enfant et de l’adolescent (perception et production), grâce à l’intégration récente de Simone Falk dans l’équipe.

Les recherches sur les troubles moteurs de la parole dans ce nouveau projet vont se prolonger avec la continuation de nos études sur différents types de dysarthries avec un intérêt croissant sur les différentes dominantes dans les dysarthries considérées comme mixtes. Il sera question des dysarthries associées à la maladie de Friedreich (description multiparamétrique et lien entre dysarthrie et génétique), maladie de Wilson (parole en double tâche : un doctorat est en cours à ce sujet), maladie de Huntington (identification de marqueurs acoustiques, mise en place d’une collaboration avec Sonia Fraisse du CHU de Bordeaux), les maladies du motoneurone (Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA), sclérose latérale primitive (SLP) et maladie de Kennedy : un doctorat en cours à ce sujet), maladie de Parkinson (comparaison entre les aspects pathologiques et non pathologiques pour comprendre les mécanismes de compensation mis en jeu dans cette pathologie des points de vue segmental et suprasegmental, mais aussi concernant la qualité vocale par l’étude des types phonatoires dans cette pathologie). Nous élargirons également nos recherches à l’apraxie de la parole dans le cadre d’un M2 en collaboration avec l’ICM et du projet MoSpeedi (cf infra).

Ces projets visant à la description et l’évaluation des dimensions de voix et de parole pathologique permettront de faire évoluer le protocole d’évaluation de la parole MonPaGe (initié en 2015) pour lequel on élaborera des modules complémentaires adaptés à chaque pathologies/troubles.

Enfin, tous ces recherches sur la parole pathologique bénéficieront d’une nouvelle dynamique grâce à une important projet de recherche qui débutera fin 2017 : le projet MoSpeeDi (Motor Speech Disorders) financé par le Fond National Suisse de la Recherche Scientifique dans le cadre de l’appel Sinergia Grant. Ce projet collaboratif avec Marina Laganaro (Université de Genève), Hervé Bourlard, (IDIAP) ; Frédéric Assal et Pierre Burkhard, (Hôpital Universitaire de Genève), porte sur la caractérisation de la planification phonétique de la parole, de la programmation motrice de la parole et de leurs troubles dans la dysarthrie et apraxie de la parole. Il s’agira d’identifier les marqueurs acoustiques, articulatoires, mais aussi neurophysiologiques pour mieux isoler et classifier les altérations dans ces troubles moteurs de la parole, et différencier ceux qui sont dus à une mauvaise planification de la parole de ceux issus d’une mauvaise programmation/exécution de cette parole.

– Voix et paroles atypiques en dehors de la pathologie

Les données relatives à plusieurs techniques vocales artistiques acquises ces dernières années pourront faire l’objet d’études plus approfondies, comme l’étude des comportements articulatoires dans le Human BeatBox.

Les productions de deux groupes de chanteurs de Cantu in Paghjella ont pu être enregistrées grâce au fonctionnement de la plateforme multicapteurs (dans le cadre du projet européen iTreasures) : si une analyse acoustique de ces données a pu être effectuée, peu de données articulatoires ont pu être obtenues. Nous mettrons en place des méthodologies nous permettant d’acquérir davantage de données relatives aux mouvements linguaux et labiaux de ces chants, et nous travaillerons à mettre en place une analyse dynamique des productions obtenues (coarticulation). Des études perceptives sur le terrain corse seront également conduites afin de mieux caractériser la perception de cette polyphonie, ainsi étudiée de manière paramétrique.

Enfin, les études relatives à la voix chez des apprenants d’une langue étrangère (en particulier la creaky voice dans plusieurs situations de parole) seront poursuivies.
Un autre volet de nos recherches sera consacré à la question du vieillissement et ses répercutions sur la voix et la parole. Cette problématique est liée à l’étude de la voix et de la parole pathologique pour laquelle il s’agit de savoir ce qui relève pathologie ou de l’âge des locuteurs (ceux-ci étant souvent âgés dans les maladies neurodégenratives). La question du vieillissement relève également d’une question plus fondamentale concernant l’évolution du système de production et les relations entre les différentes dimensions en jeux dans la parole (physiologie / contrôle moteur / capacités cognitives / adaptabilité et stratégies). Dans ce cadre, la collecte de la base de données longitudinale PaTaTRA développée au LPP continuera et nous pourrons d’ici 2-3 ans avoir des premières données. La base de données de sujets sains collectées dans le cadre de MonPaGe (400 locuteurs de 20 à 92 ans) sera également analysée pour des données transversales.